vendredi 4 janvier 2013

B comme Brouhaha

Mur du son


La même salutation. La même intonation. Grésillements. Une annonce incompréhensible au micro. Grésillements. Deux courts signaux sonores. Le cliquetis à l’unisson des boucles des ceintures de sécurité qu'on attache. Le claquement sec des portes bagages qu'on ferme brutalement un à un. Un message enregistré dépourvu d'humanité qui se veut pourtant rassurant. Quelques pleurs d'enfants. Des petits cris vite étouffés mais qu'on laisse pourtant s'échapper traduisant la peur, l'angoisse, l'anxiété. Suspense. Le bourdonnement sourd et incessant des réacteurs. Baisse du volume. Berceuse. Par le hublot, le silence. Par le hublot, la France qui s'éloigne en silence sous mes yeux, encore une fois, peu à peu. Je pense. Deux courts signaux sonores. Le cliquetis à l'unisson des boucles des ceintures de sécurité qu'on détache. Déjà vu. Déjà entendu. Un film muet. Un décor de cinéma. Une toile de ciel bleu sur laquelle défilent en silence les même nuages blancs. Collision inoffensive, inaudible. Ronflements. Je rêve. Le bourdonnement sourd et incessant des réacteurs. Une musique de fond. Musique de film. Le tintement de la vaisselle, le grincement des tiroirs du chariot de l'hôtesse. Tympans dilatés. Hausse du volume. La même question en boucle. La même intonation. Le bruit du liquide qui coule dans le gobelet. Le bruit du papier froissé, déchiré, du plastique arraché, découpé. Croqué, mâché, avalé. Le bruit du liquide qui coule dans la gorge. Ronflement. Je rêve. Deux courts signaux sonores. Le cliquetis à l'unisson des boucles des ceintures de sécurité qu'on attache. Grésillements. Une annonce incompréhensible au micro. Grésillements. Deux courts signaux sonores. Le cliquetis à l'unisson des boucles des ceintures de sécurité qu'on détache. Quelques timides applaudissements. Quelques soupirs de soulagement, de satisfaction, d'exaspération. La cacophonie. Bavardages. Sonneries de téléphone. Bagages qu'on traîne, qui roulent dans l'étroit couloir. On pousse, on tire, on parle, on râle. La même intonation. La même salutation.

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