lundi 26 novembre 2012

B comme Bretzel

Noël, un marché en pleine expansion


Illustration: Enseigne d'un stand de saucisses
Source: Photographie personnelle
Je reçois un message d'une amie bulgare me proposant d'aller faire un tour au marché de noël traditionnel allemand qui s'est installé depuis peu et qui se tient jusqu'à la fin du mois de décembre sur le parvis du théâtre Ivan Vazov et à l'idée de croquer dans un bretzel salé, de me laisser enivrer par les effluves épicés du vin chaud mais surtout de la revoir elle et son fils, je ne peux que dire oui et les rejoindre, appareil photo autour du cou et sourire et bave aux lèvres. 

Illustration: Weihnachtsmarkt
Source: Photographie personnelle
Étant née à l'instar de ma soeur jumelle (et de Jésus Christ) un 24 décembre au soir, la période de noël revêt une importance toute particulière pour moi et ma famille. Aux premiers sapins décorés, aux premières rues et vitrines de magasins illuminées, je commence, comme les enfants le font en découvrant chaque matin le chocolat de leur calendrier de l'Avent, à compter avec impatience les jours qui me séparent du jour J. J'aime cette ambiance magique, éphémère et éternelle à la fois, qui dure le temps d'une saison mais perdure depuis des générations. Une atmosphère chaleureuse au coeur du froid de l'hiver, une tasse fumante dans le vent glacial. Une rengaine, un hymne à l'enfance composé de notes de musique familières même si ce sont des paroles étrangères qui me parviennent aux oreilles. Le contraste entre l'agitation de la foule et le calme qui s'installe à notre insu à l'intérieur de chacun de nous, entre l'excitation et l'émerveillement des petits et des grands. Je me plonge ou plutôt me laisse transportée dans un monde féérique jusqu'à en oublier tout le reste. On m'offre des saucisses et des bretzels, suis-je en Allemagne ou encore en Bulgarie? Ce marché est à la fois rassurant et décevant car il ressemble à des milliers d'autres à travers le monde. La société de consommation actuelle a codifié cette fête désormais universelle. Peut-être en oublie-t-elle le véritable esprit de noël?




Illustrations: Spectacle et magie de noël
Sources: Photographies personnelles



Soyez rassurés, noël n'est pas mort, la magie opère encore. Une troupe de comédiens est chargée de l'animation; les talons frappent sur les planches, les rires éclatent parmi l'audience. Les répliques lancées avec enthousiasme par les acteurs n'en finissent pas de résonner dans les haut-parleurs. L'humour laisse place à l'émotion, à l'amour. Les jeunes spectateurs auparavant agités, dissipés, sont désormais muets, les yeux écarquillés, bouchee bée, tantôt inquiets, tantôt effrayés, mais toujours captivés. Et soudain l'esprit de noël a frappé. Il se laisse facilement lire sur le visage des enfants, mais il est aussi dans le coeur de leur parents, si on en croit les sourires béats qui illuminent leur visage, la douceur de leur voix et la tendresse de leurs gestes pour le traduire.

dimanche 25 novembre 2012

B comme Bible

Le jour du seigneur


Mon dimanche entre crise de foie... et crise de foi !
Au programme, le désormais traditionnel déjeuner dominical en famille (voire petit déjeuner, apéritif, café,...) chez Viara, prénom féminin qui signifie foi. Repas très réussi cette fois encore,  j'ai la peau du ventre bien tendu, merci petit Jésus ou plutôt mama, baba, tatko et petite sestra pour le gâteau. Puis, promenade digestive dans le parc "Chez Boris" comme je le surnomme. De semaines en semaines, les couleurs changent, les branches se dénudent, les feuilles mortes s'accumulent mais les habitués restent les mêmes: retraités, enfants, couples, chiens en laisse ou errants. 



Illustrations: 

Litière d'automne
Prédateurs guettant leur proie
Source: Photographies personnelles


Hier pourtant, je remarque à l'entrée des Jardins, deux individus quelque peu différents des autres promeneurs, les seuls à être endimanchés,  costume-cravate sur le dos et livre noir sous le bras, interpellant les passants. VRP ou prédicateurs? Témoins de Jéhovah? Non, mormons.

L'un des deux jeunes hommes s'avance vers moi, stylo en main et sourire "Colgate" sur les lèvres. Il se présente comme un étudiant américain en stage (ou en mission d'évangélisation). Je ne résiste ni à son sourire ni à son accent et prends cinq minutes de mon temps pour répondre à son sondage. Le questionnaire est vite expédié car ma réponse "Non" à la question "Croyez-vous en Dieu?" élimine les questions 2 à 14. Son enquête réalisée, il me dit être amusé par mes réponses et commentaires ("Vous travaillez le dimanche? C'est un pêché, non?", Et si Dieu était une femme?", "On a écrit d'autres livres que la Bible vous savez", "La vie après la mort? Je suis trop occupée à vivre justement pour me poser la question!", "Et si la Bonne nouvelle n'était justement pas la bonne?") et s'en suit une passionnante discussion sur le sens de la vie et les traditionnelles questions existentielles; sur le candidat battu Mitt Romney; puis pour finir une question très large est très ouverte sur mon pays: c'est comment en France? Il me confie qu'il a appris le bulgare dans le cadre de son séjour ici et que c'est avec les Etats-Unis, le seul pays où il ait posé les pieds. Je devine qu'on l'a un peu forcé à s'expatrier. Il complimente mon anglais qu'il juge parfait et me remercie pour mon temps. Il s'excuse de devoir m'interrompre et son devoir l'oblige à me congédier, mais il propose d'échanger nos numéros afin de poursuivre cette conversation à un autre moment. 

J'accepte de le revoir. J'ai souvent été abordée par des sectes en tous genres, mais pour une fois qu'un mormon est ouvert à la discussion! Ne vous inquiétez pas pour moi, je campe sur mes positions, j'ai des idées arrêtées sur la question Religion, je ne me laisserai pas influencée et encore moins embrigadée par ce prosélytisme et je ne vais pas finir membre d'une quelconque église ou communauté. Je n'ai jamais vraiment aimé La Petite Maison Dans La Prairie de toute façon. Mais je relève le défi: tout comme lui et ses amis, j'ai espoir de réussir une conversion: la sienne. J'aimerais tellement lui faire entendre raison, changer sa vision du monde. Je pars donc en Croisade contre le croisé lui-même!

Ce jour de repos s'est néanmoins achevé par des rituels de dégustation et de libations entre amies. Notre congrégation (ou secte?) de franco-françaises s'est réunie autour d'une bouteille de vin et d'un plateau de fromages. Fous rires (le pain et le Rompi) et messes basses ont rythmé la cérémonie. Et nous espérons nous aussi faire de nouveaux adeptes!

B comme Bayadères

On peut tout à la fois siffler l'apéro et l'opéra


Un opéra pour Napoléon, mais surtout pour la communauté française expatriée de Bulgarie. Chaque ressortissant français a en effet reçu de la part de l'Ambassade, une invitation pour Les Bayadères de Catel. Le carton, valable pour deux personnes, annonçait "un spectacle exceptionnel" dans le style Bollywood, "une fresque monumentale et exotique"; une danseuse indienne et un empereur au veston rose et à la culotte jaune en guise d'illustration.

J'ai d'abord lu vite et de travers, et me faisais une joie d'être conviée au ballet russe La Bayadère. A la deuxième lecture, j'ai compris qu'il s'agissait d'un opéra de 1810 dont je n'avais jamais entendu parler, coproduit par l'Institut Français de Bulgarie, le centre de musique romantique française, l'Institut tchèque de Sofia avec le soutien du Ministère de la culture slovaque et de la BNP Paribas. Un bel exemple de coopération culturelle. Je décide donc de répondre à cette invitation au voyage et d'assister au spectacle, ce samedi soir, en compagnie de mes copines expat'. 

Le "rêve oriental" annoncé se transforme très vite en cauchemar. Sur scène, un choeur, des solistes et une cinquantaine de musiciens (jouant sur instruments anciens s'il vous plait!). Aucun décor, aucun costume, aucun élément de "la tradition sacrée indienne". Pénétrer dans "la cité sacrée de Bénérès" me demande donc un énorme effort d'imagination. Identifier "l'héroïque danseuse indienne" également, puisqu'il s'agit d'une jeune soliste vêtue d'une robe de dentelle noire. Quant à ma capacité à "vivre les aventures de Laméa", cela m'est quasi impossible. En amatrice de musique classique et d'art lyrique, j'apprécie le concert mais les paroles, bien que dans ma langue, me sont incompréhensibles, les parties chantées n'étant pas surtitrées. Les mots sont souvent non-articulés, avec une intonation et une prononciation propres au chant lyrique. J'ai pu cependant distinguer clairement le R roulé! Sans doute la seule touche d'exotisme de la soirée!



Vidéo: Les Bayadères, air "Sans détourner les yeux"
Source: Youtube



J'ai assisté depuis une dizaine d'années à une bonne quinzaine d'opéras mais mon ouïe n'est pas encore suffisamment aiguisée. Il est difficile de comprendre une variété de français à laquelle on n'est pas habitué, aussi certaines chaînes de télévisions surtitrent-t-elles les Africains francophones qui sont pourtant souvent des locuteurs natifs du français. Je ne suis pas la seule à penser que la lecture du texte aurait aidée à la compréhension de l'argument. On a pris la décision de traduire en bulgare le discours de Son Excellence Monsieur L'Ambassadeur qui ne présentait selon moi qu'un intérêt  limité mais on a assumé que l'audience comprendrait ce français chanté du XVIIIe siècle (syntaxe et lexique caractéristiques de l'époque et du genre). Résultat: je n'ai pas accrochée et la moitié du public a profité de l'entracte pour s'échapper. Vu que presque tout le monde est rentré sur invitation, le fait de ne pas avoir payé son billet d'entrée n'encourage pas vraiment à rester trois heures à s'ennuyer enfoncé dans un strapontin défoncé. Je suis restée mais bercée par ces mélodies en langue étrangère (seul le langage des cordes et des vents m'était quelque peu familier) j'étais perdue dans mes pensées, contemplant les enfants s'amusant à imiter les mouvements de bras du chef d'orchestre ou encore, essayant de calculer avec la plus grande précision possible le nombre de victimes que causerait la chute d'un des lustres en cristal de la salle. 

Le spectacle fini, cette nourriture spirituelle ne suffisant pas à calmer le concerto de nos estomacs affamés, nous nous sommes attardées autour d'une table dans notre restaurant préféré pour échanger avis et critiques unanimes sur le concert qui venait d'être donné. 

Je me suis endormie repu et satisfaite, car sur le trajet retour l'auto-radio du taxi jouait la Lambada mais surtout parce que j'avais quelques heures plus tôt contribué à sauver la vie d'un homme. Ou plutôt je me plaisais à le croire. A l'aller, en route pour la salle de concert, un homme haletant dont le souffle coupé laissait échapper des effluves d'alcool, s'est engouffré dans notre taxi, profitant d'un arrêt de la voiture au feu rouge pour ouvrir la portière et se jeter sur la banquette arrière (et par la même, sur sa charmante occupante) répétant inquiet (et bourré) être poursuivi par des "tzigani" qui voulaient s'en prendre à lui. N'ayant pas trouvé de policier pour l'aider, il a pensé qu'il serait en sécurité dans notre taxi et a exhorté le chauffeur d'accélérer. Ce dernier l'a déposé quelques rues après qu'il soit monté à bord du véhicule, non pas pour dérober notre argent puis nous poignarder comme nous l'avons toutes deux d'abord imaginé, mais pour échapper à une mort certaine. Digne d'un film d'action, cet épisode était à mes yeux plus "divertissant" que le reste de la soirée. Partager une course (poursuite?) avec un fugitif n'a néanmoins rien de rassurant et j'espère qu'à l'avenir ce genre d'incident ne se reproduira plus. Je veillerai désormais à ce que les portières soient verrouillées. Qui a dit qu'aller à l'opéra était ennuyant? 

mercredi 21 novembre 2012

B comme Bougies 2

Au clair de la lune, je prends ma plume pour écrire ces mots


Même les bulgares connaissent le sens de l'expression "Déjà vu". Je broie du noir ce soir encore. Je suis à nouveau passée du côté obscur. Mes ampoules sont mortes, mes chandelles brûlent. Il est 18h30 et je griffonne ces lignes dans un carnet; lignes que je publierai sans doute une fois la panne de courant terminée. Pour l'heure, je n'ai pour seul éclairage que trois bougeoirs colorés dont les flammes projettent une lumière verte sur le papier. C'est glauque.

Je me sens une fois de plus prise en otage. Je ne peux pas cuisiner. De toute façon je ne peux rien avaler. Trop énervée. Ma machine à laver s'est arrêtée avant que le programme synthétique ne soit terminé. J'ai beau la débrancher, le blocage du hublot est automatique. Mon linge mouillé est condamné à attendre le retour de l'électricité. Ma ligne de téléphone fixe est coupée. Je n'ai pas de connexion internet mais elle ne m'aurait été d'aucune utilité vu que la batterie de mon ordinateur portable est déchargée; tout comme celle de mon téléphone portable d'ailleurs. C'est très embêtant car ce dernier me tient lieu de lampe de poche, mais surtout de réveil. J'ai tellement peur de ne pas me lever demain matin aux aurores pour aller bosser que je pense que je ferai mieux d'aller me coucher une fois ces lignes rédigées, histoire d'être reposée et de me réveiller par moi-même avant le lever du soleil lui-même. 

J'ai ravivé la flamme que j'avais soufflé la veille à peine. Il ne faudrait pas que ces veillées à la bougie deviennent une habitude. La faible lumière des mèches enflammées ne suffit pas à éclairer la pièce en entier, mes déplacements sont donc lents et prudents. La cire fond et je me morfonds. Je me demande comment nos ancêtres faisaient avant l'apparition de la fée électricité. Ils étaient mieux équipés que je ne le suis. Dans mon bloc, il n'y a pas le gaz, à aucun étage. Et surtout, je n'ai aucun passe temps si ce n'est noircir des feuilles de papier blanc. Cette atmosphère est propice à la méditation. Je préfère me laisser gagner par des réflexions métaphysiques plutôt que par la déprime qui pointe le bout de son nez depuis quelques jours déjà. Je me faisais une joie de manger, car depuis qu'une nouvelle semaine de folie a commencé, je n'ai fait que grignoter, n'avalant sur le pouce que quelques encas légers. J'étais également impatiente à l'idée de parler à ma femme chérie, à mon amie. J'étais en train de saisir les notes de mes élèves quand le boitier internet s'est soudainement coupé. J'ai peur d'avoir perdu toutes les données non enregistrées. Je suis vraiment agacée, excédée, fatiguée. Demain c'est jeudi, comme la cire, la semaine fond elle aussi.

Depuis que le chauffage est enfin allumé, j'ai des soucis d'électricité. Comme si les deux énergies n'étaient pas compatibles. Chaleur ou lumière, il faut choisir. Je n'ai, moi non plus, plus d'énergie. Le froid s'est installé. Les idées noires aussi. Une nouvelle nuit de solitude. L'estomac dans les talons et le moral dans les chaussettes. Les chaussettes séquestrées dans le tambour du lave-linge, pour une durée indéterminée. Je suis également inquiète pour les quelques aliments peuplant l'intérieur de mon réfrigérateur. Combien d'heures encore avant qu'ils ne soient avariés et bons à jeter? Peut-être devrais-je dès à présent les consommer pour éviter de gaspiller? Et la mèche de la bougie, quand sera t-elle entièrement consumée?

Sans télévision, sans téléphone ni internet, les anciens avaient d'autres occupations. Mais je n'ai personne à qui proposer une partie de belote. Je n'ai personne à qui jouer de l'harmonica au coin du feu. Si seulement j'avais une cheminée. Je n'ai personne à qui parler à part ce cahier d'écolier. Et puis d'ailleurs, qui autour de moi comprendrait le français? Je me sens complètement isolée. Impossible de communiquer.

Je soupire. Pas trop froid car je ne voudrais pas souffler les bougies. Il me faudrait, à tâtons, remettre la main sur la boite d'allumettes; puis les gratter une à une jusqu'à la dernière. Comme la petite héroïne de mon conte préféré. A ce moment précis pourtant, j'aimerais en souffler des bougies. Nous serions réunis, en famille ou entre amis autour d'un gâteau dont ma grand-mère a le secret. Mes journées sont courtes en terme de luminosité, mais sans éclairage elles me semblent interminables. J'attends que la lumière revienne, celle du lustre ou celle de l'astre. J'attends la Fée ou Morphée.



mardi 20 novembre 2012

B comme Bis repetita

Répétition générale


Pour une fois que ma jeune&jolie collègue et moi trouvons le temps de sortir, il faut que le spectacle soit annulé!

La prof de musique nous a mis de côté une invitation pour deux personnes et toute la semaine nous ne faisions qu'en parler et étions excitées à l'idée de cette soirée en amoureuses... et en Bulgare, qui m'aurait permis de me divertir voire de me cultiver, de passer du temps avec mon amie et d'améliorer mon apprentissage du "boelgarski". 

Comme deux amants ou deux jeunes adolescentes condamnées au secret, on se donne rendez-vous devant l'université, car je dois avouer que je ne connais pas encore tous les théâtres de la ville et que j'ai peur de me paumer, éventualité qui risquerait de nous retarder. Je décide d'y aller en trolley mais ce dernier est bondé, prend une nouvelle fournée de passagers à chaque arrêt et met une éternité à relier le point A et le point B. Je pense à mon cavalier qui n'a d'autre choix que de m'attendre dans le froid puisque sans elle je ne sais où aller. Je finis par arriver, avec près d'une demi-heure de retard, mon amie n'a pas le temps de me réceptionner qu'il nous faut déjà marcher (et fumer, en ce qui concerne mademoiselle) et traverser un parc mal éclairé. Sur le parvis sont rassemblés la moitié des élèves et enseignants de notre lycée, pomponnés, coiffés, dans leur plus beaux habits. Une fois notre billet récupéré, on se dirige vers la rangée et les sièges attribués, situés malgré nous à côté de nos ados préférés qui ne peuvent s'empêcher de se retourner et jaser. Je constate et souligne l'ancienneté et la vétusté de la salle. On me répond que c'est "typique soviétique". Lever de rideau et les jeunes artistes font leur entrée.

Saute! annonçait le titre de la pièce imprimé sur le ticket. Ça n'a pas manqué. Une horde d'adolescents rebelles, survêt' coloré, baskets aux pieds et casquette vissée sur la tête débarquent sur la scène, se jetant des fenêtres du décor projeté sur une structure représentant un immeuble. Ils déboulent et débitent un rap, fait de syllabes hachées et de souffle coupé. Le texte m'est totalement étranger mais n'a pas l'air si mauvais. La performance est de qualité mais se trouve soudainement interrompue par une panne d'électricité. L'audience était déjà plongée dans le noir, mais c'est au tour des projecteurs et des micros de se couper sans crier gare. Les jeunes acteurs n'en sont pas tout de suite dérangés puisqu'ils continuent à jouer et montrent ainsi à tout le monde qu'ils sont parfaitement capable d'improviser. L'un d'eux continue même à graffer, quoi qu'il arrive le show doit continuer. Les répliques s'en trouvent même modifiées afin d'intégrer cette soudaine obscurité. Mais la bombe de peinture est vite vidée, les comédiens à court d'idées. La lumière ne revient pas et les spectateurs n'en reviennent pas. 




Illustrations: La lumière, clou du spectacle
Sources: Photographies personnelles
Saute! Et ce sont les plombs qui ont sauté! Le directeur finit par venir nous annoncer qu'il s'agit d'une panne ciblée à durée indéterminée. Le bâtiment ne disposant pas d'une alimentation de secours, il préfère prendre la décision d'annuler ou plutôt de reporter la représentation. Le public est sommé de quitter les lieux sans paniquer, à la lumière des téléphones portables exceptionnellement allumés pour éclairer les marches d'escaliers. En nous entendant parler français, certains spectateurs sont honteux qu'une expatriée assiste à un tel spectacle... ou plutôt qu'elle ne puisse justement pas y assister!

J'ai une pensée pour les comédiens qui étaient prêts, en costumes et maquillés; qui attendaient ce moment depuis longtemps. La courte représentation qui a été donnée tient désormais lieu de Générale, c'était une opportunité supplémentaire de répéter. Ce n'est que partie remise, mais hélas j'ai bien peur comme beaucoup d'autres spectateurs, de ne pas trouver de nouvelle date dans mon calendrier pour ce spectacle déplacé.

Notre soirée n'est pas pour autant achevée, on décide d'aller boire une bière et profitons du moment pour parler d'éventuelles études ou stage à l'étranger... dans un pays où on peut se fier aux installations électriques?

lundi 19 novembre 2012

B comme Bougies


J'pète les plombs


Vous croyez aux coïncidences? Moi oui... mais ça dépend des fois. Disons qu'il est facile pour moi de prédire l'avenir après que la prophétie s'est réalisée. Je m'apprête là à vous raconter une anecdote sans grand intérêt, mais il s'avère que certaines personnes me réclament des informations détaillées. Aussi vous êtes servis et voici ci-après un texte qui foisonne de petits détails insignifiants sur mon quotidien.

Pas plus tard qu'hier dans l'après-midi, je discute de l’état général du bâtiment et plus particulièrement de celui des installations électriques avec le "porte parole" de ma proprio. Je lui confie être inquiète car en cas de coupure de courant, je suis coincée en haut de ma tour car les ascenseurs sont à alimentation électrique et la porte d'accès à la cage d'escaliers est verrouillée et je n'en ai pas la clef. Aucune issue possible donc. En cas d'urgence je suis prise au piège et il ne me reste pour seule option funeste qu'à ouvrir la fenêtre et sauter pieds et poings liés du 15ième étage, acte davantage suicidaire que salvateur qui ne sera pas sans rappeler celui de dizaines de personnes par un certain mardi matin de septembre 2001 (je me contente seulement de vous remettre cette image morbide en tête et vous épargne mon opinion controversée sur la question "9/11").

Image: "Bougeoirs miroir"
Source: Photo. perso.
Et il a suffi que nous ayons cette conversation plus tôt dans la journée, pour que ma soirée s'en trouve plongée dans l'obscurité. Blackout. Pas à cause de l'abus d'alcool vous l'aurez compris mais d'une coupure d'électricité qui a paralysé mes activités et bouleversé mes projets ("Chers élèves, je n'ai pas pu corriger vos copies, je vous les rendrai la semaine prochaine et vous prie de bien vouloir m'excuser pour ce délai"). Imaginez la scène. Je suis en train de me shampouiner le sourcil et le cuir chevelu quand l'ampoule de la salle de bain s'éteint. Situation comique des plus classiques. La pire des circonstances aurait été une coupure d'eau, mais je peux heureusement terminer ma douche dans la pénombre. Je commence d'abord par me lamenter avant de jeter un coup d'oeil au tableau électrique où tous les fusibles sont okay. Je n'arrive tout de même pas à me résoudre à l'idée d'une panne générale d'électricité ni à m'empêcher d'appuyer à plusieurs reprises sur le bouton des interrupteurs pour tester. Il faut désormais l'admettre, tout le bâtiment est dans le noir le plus total. Mais grâce aux fonctionnalités insoupçonnées d'un téléphone portable, je peux m'éclairer grâce à une DEL minuscule ("lampe torche" qu'ils disaient...) qui consomme généralement le tiers de la batterie de l'appareil en quelques minutes. Rien ne vaut donc les traditionnelles bougies et une vieille boite d'allumettes! Je suis à cet instant précis bien contente d'avoir acheté ces cierges colorés pour meubler et décorer mon foyer. Ce soir, dîner froid mais aux chandelles, lumière tamisée mais pas pour autant romantique. L'ambiance est plutôt celle d'un film d'horreur avec pour fond sonore, non pas de suaves accords s'échappant d'un piano à queue, mais les aboiements inquiets et quelque peu terrifiants de bêtes à quatre pattes affolées (qui se transforment en loup-garou les soirs de court-circuit n'ayant pour seul luminaire que la lune?) et les hurlements des alarmes de voitures qui se sont toutes déclenchées simultanément. L'ambiance est électrique... ou pas justement, dans le cas présent. Excusez mon humour noir (haha), j'ai pété un câble (hahaha) ou plutôt, je n'ai jamais eu la lumière à tous les étages (hahahaha).

Puis très rapidement, je suis en proie à l'ennui. Que faire au XXIème siècle sans lumière, et pire que tout, sans connexion internet!? J'ouvre timidement le recueil de Théophile Gautier offert par mon attaché, mais abandonne ma lecture une dizaine de minutes plus tard et prends la très sage décision d'aller me coucher. Je souffle mes bougies pour écarter tout risque d'incendie, car rappelez-vous il m'est impossible d'évacuer les lieux, mais comme une idiote je laisse les interrupteurs en position "on". Si bien que quand l'électricité revient enfin, le lustre de ma chambre, ma lampe de bureau et deux autres plafonniers se rallument. La forte et soudaine luminosité à presque 2h du mat' interrompt mon profond sommeil et me réveille en sursaut. S'en suit un vacarme. J'entends les ascenseurs redémarrer, les lampadaires s'allumer (phénomène paranormal? Non, il y a bien des réverbères le long de la voirie en Bulgarie, même si l'éclairage public reste largement insuffisant), les chiens hurler et les alarmes aboyer à nouveau dans la nuit jusque là condamnée à un repos forcé. La panne ne concernait que le quartier car depuis mon balcon poste d'observation je contemplais Sofia la belle dans sa robe de soirée pailletée et je voyais bien qu'elle ne dormait pas sur ses deux oreilles mais qu'au contraire sa chevelure scintillante s'étalait sur l'oreiller et qu'elle brillait de mille feux pour ses amoureux. (Parenthèse: depuis que je travaille au Lycée Lamartine, il semblerait que j'aie comme été touchée par l'esprit du poète! Mais ceci est mon blog, mon univers, et libre à moi de partager avec vous quelques morceaux choisis de ma modeste anthologie de poésie). 

Mais cet épisode m'aura surtout tirée des bras de Morphée et je commence ma semaine fatiguée, irritée, du mauvais pied ou de mauvais poil, comme vous voudrez. A cela viennent s'ajouter les actualités qui illustrent bien combien l'obscurantisme règne sur la France aussi. Si je me suis couchée tôt dans le noir, c'est aussi tôt et dans l'obscurité, avec des idées noires, que je me suis réveillée car le soleil comme chaque matin n'est pas encore levé. Et quand je fini le boulot, il est déjà, ou encore, ensommeillé. Alors dans tous les cas une bougie parfumée est utile pour vous remonter le moral et pas seulement pour éviter d'utiliser le détecteur de coin de meuble intégré qu'est notre petit orteil! Il ne me reste plus qu'à faire du porte à porte et à balbutier mon meilleur bulgare en quête d'une clé à emprunter au voisinage pour la faire copier, afin que je puisse si besoin est, emprunter les escaliers.

Pour terminer, je lance un appel à ma jeune et jolie collègue bulgare: si tu ne sais pas quoi faire de tes lampes chinoises, sache que j'ai une idée lumineuse! Elles ont leur place toute trouvée chez moi. Elles siéront à merveille à mon intérieur et y apporteront une touche à la fois de lumière et d'exotisme. De plus, comme tous lampions de papier qui se respectent, ils pourraient s'enflammer, je n'aurais rien à craindre car  je pourrais m'échapper saine et sauve en dévalant les marches!

dimanche 18 novembre 2012

B comme Brr

Noventbrr


Nous avons certes reculé nos montres d'une heure, les journées sont tout de même courtes. Et cette diminution de l'ensoleillement s'accompagne d'une baisse des températures. Le froid s'installe peu à peu. Les matinées sont fraîches (3°C en moyenne quand je pars bosser à 6h30... ce qui ne motive pas à sortir du lit) mais le temps dans l'après-midi reste clément (parfois jusqu'à 15°C). A part deux petits épisodes orageux, la pluie se fait assez rare et il s'agit d'un froid sec. Béret, écharpe et gants sont donc de rigueurs surtout quand on rentre à pieds d'une soirée au beau milieu de la nuit. L'application "lampe de poche" pour smartphone est aussi très utile car la capitale manque cruellement d'éclairage public et que les trottoirs sont dans un triste état, alors mieux vaut regarder où l'on met les pieds encore plus si l'on a abusé de cocktails alcoolisés (pour se réchauffer?). On peut aussi, comme moi, choisir de se faire traiter comme une princesse, car mieux vaut attraper un taxi (une course du centre ville jusqu'à mon domicile me coûte 4 leva, soit 2€ seulement) qu'une pneumonie!

Quand à mon logement, le climat y est tempéré, voire tropical dans ma salle de bain. Chaque douche est pareille à une séance de sauna car j'ai tendance à abuser du radiateur soufflant (acheté 6€ seulement.) Je n'ai aucun problème d'isolation à déplorer et le chauffage central vient d'être allumé aujourd'hui. Mon "Lazy Sunday" a été agité malgré moi. J'ai reçu la visite de représentants du syndic et de techniciens venus changer les compteurs électroniques des radiateurs. Un ami de ma propriétaire ayant vécu à Montréal et parlant donc un très bon français est également venu pour assurer la traduction. J'ai trouvé cela très sympa de sa part et en partant il m'a offert des Kinder Surprise™ pour s'excuser de la gêne occasionnée par ses visiteurs inattendus!

Mon appartement est désormais chauffé, il ne me reste plus qu'à aller m'équiper contre le froid assez rapidement, car une vague venue de Sibérie peut refroidir la Bulgarie d'un jour à l'autre. Le pays a battu ses records de températures négatives l'hiver dernier avec des nuits enregistrant -25°C. Je dois donc de toute urgence investir dans une couette en plumes, un anorak, des après-ski, un slip en laine,... bref, de quoi affronter l'hiver et la neige car je n'ai d'autre choix que d'aller travailler même si j'aimerais bien pouvoir hiberner!

B comme Beigbeder

Un roman français


Ce mois-ci, rétrospective Frédéric Beigbeder. J'ai d'abord emprunté le DVD de 99 francs (ou 14,99€ soit 28 BGN!) à la bibliothèque de l'institut français; film critique à l'égard du monde de la publicité et de la société de consommation dans lequel j'ai pu redécouvrir un Jean Dujardin cynique sous psychotropes qui m'a beaucoup amusé et qui m'a surtout fait cogiter. Puis le livre Mémoires d'un jeune homme dérangé, roman qui avait été offert à mon ex par une camarade de prépa et qui était donc sur ma liste d'ouvrages à me procurer mais dans lequel je n'ai pas encore trouvé le temps de me plonger. Et enfin, j'ai passé un agréable moment ce soir en compagnie de Louise Bourgoin et de mes M&M's choco à Dom na kinoto (la maison du cinéma) qui propose jusqu'à début décembre une programmation spéciale dans le cadre du Festival International de cinéma de Sofia (mais aussi quelques projections à Plovdiv et Varna). 

L'amour dure trois ans est un film rafraîchissant, léger, drôle et pétillant. Il raconte les déceptions amoureuses avec humour et ironie; j'ai beaucoup ri et quel plaisir de voir un film français, dont l'action se déroule principalement entre le Pays Basque et Paris et d'entendre ma langue dans tous ses registres: langage soutenu, tournures idiomatiques mais aussi quelques vulgarités. J'étais, je pense, la seule française dans la salle obscure et mes réactions, éclats de rire ou mimiques, étaient en décalage avec celles des autres spectateurs puisque le film étant projeté en version originale sous-titrée bulgare j'avais tantôt accès au sens avant eux, tantôt après, car ils leur fallait le temps de lire la phrase ou à moi celui d'attendre qu'elle soit prononcée par le personnage. 



Vidéo: Bande-annonce "L'Amour dure trois ans"
Source: YouTube

Ce plaisir solitaire qu'est de se faire une toile tout seule m'avait manqué. Je suis déjà allée au ciné depuis mon arrivée, mais toujours accompagnée. J'ai profité de cette projection-ci pour développer une démarche interculturelle et lister, par exemple, quelques différences d'avec la France. Ici, les places sont numérotées, on m'a donc demandé au guichet de choisir ma rangée et mon siège. Mon fauteuil était quelque peu défoncé, car il semblerait qu'il date, tout comme le bâtiment en lui-même, des trois ou quatre dernières décennies.  Les films sont rarement doublés, ils sont le plus souvent exploités dans leur langue d'origine avec des sous-titres. Les bandes-annonces précédant le film sont lancées sur le grand écran alors que le public n'est pas encore installé et que la salle n'est pas encore plongée dans l'obscurité. La différence majeure pour moi reste une différence de prix. Compter 8 leva pour une séance contre 11€ la place (soit 22 leva) à Aix-en-Provence. Je crois qu'à ce prix-là je vais devenir cinéphile et passer beaucoup de mes soirées dans le noir!

jeudi 15 novembre 2012

B comme Bacchanales

Le Beaujolais nouveau est arrivé !


Qui ne tente rien, ne boit rien! Qui dit goulot, dit culot! Bref, j'arrête les blagues de comptoir. Je n'ai pas eu peur de passer pour une ivrogne et j'ai envoyé un message à l'attaché de coopération dont voici un extrait ci-après:

"Le Beaujolais est loin d'être mon vin préféré, mais vous n'êtes pas sans savoir qu'aujourd'hui marque le lancement du Beaujolais nouveau dans le monde entier. Aussi je me demandais si vous saviez si quelques réjouissances étaient organisées à Sofia, à l'Ambassade, les locaux de l'Institut Français,... J'adore participer à ce genre de célébration qui sont pour moi une belle occasion de se retrouver entre français expatriés. Si vous avez eu vent d'une quelconque manifestation se déroulant dans la capitale et à laquelle je pourrais être conviée, merci de m'en tenir informée.

Bonne fin de journée et au plaisir de vous retrouver prochainement, autour d'un verre de vin, ou lors de prochaines festivités."

J'ai donc dans ce mail subtilement mais clairement exprimé mon souhait de boire ou plutôt de cuver entre compatriotes français; mais ma requête n'a pas été satisfaite. On m'a seulement répondu que je devrais me contenter d'un verre au bistrot du coin; très certainement un verre de vrai-faux Beaujolais commercialisé ici sous le doux nom de Bouquet Nouveau. 

La Bulgarie reste néanmoins un pays de tradition viticole. J'ai déjà goûté quelques bonnes bouteilles (mais aussi de moins bonnes) de cépages "autochtones" comme le Pamid ou le Mavrud. On peut aussi facilement se procurer des cépages français produit par des vignobles locaux. Je garde les étiquettes précieusement et ma carte "oenologie" s'agrandit peu à peu. 


Illustration: Carte de zones viticoles bulgares
Source: site winealley.com


Cette soirée inaugurale aurait été une opportunité inédite "d'infiltrer le milieu". Je me voyais déjà en robe de gala,  une robe "de taffetas flambé'',  piétinant un tapis rouge de mes escarpins achetés pour l'occasion. Suivant les conseils de l'incertaine et novice Bridget Jones, j'afficherai un beau sourire et m'avancerais d'un pas assuré parmi les habitués de ce genre de réceptions. Je me verrais offrir coupes de champagne et autres rochers sur un plateau d'argent ou doré (vous savez, comme dans la publicité). Je m'imaginais également qu'à mon arrivée, en taxi, un garçon (un servant? un valet?) déguisé en petit Spirou se tiendrait près de la porte et me débarrasserait poliment de mon manteau puis m'indiquerait la direction à suivre (comme si le tapis rouge ne suffisait pas à lui seul à montrer le chemin de la fête). A mon entrée dans la salle de bal, tous les regards se seraient tournés vers moi, un peu comme la cour dévisage la jeune Mademoiselle de Chartres à son arrivée aux fiançailles de Claude de France dans le roman de Madame de Lafayette. Je ferais ce soir là mon entrée dans la plus haute sphère du Ministère, adressant mes sourires à Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur de France et à d'autres diplomates. Parmi les convives, il y aurait un agent secret, son nom serait Jean, Jean Bon. Et malgré son sourire charmeur et son humour irrésistible, je resterais de marbre; tout comme la rampe d'escaliers... 

Bref, je peux continuer à rêver d'ici la prochaine soirée à laquelle j'espère être invitée. Quand j'ai décroché ce stage proposé par le Ministère des Affaires étrangères et qu'on m'a confirmé mon inscription auprès du consulat sur le registre des français établis à l'étranger, je me disais "à moi les opéras, les vernissages, à moi le champagne et les chocolats, à moi les amuse-bouches et autres canapés!" J'ose encore espérer que j'aurais prochainement l'occasion d'y goûter. Sinon, j'envisage bel et bien de m'y incruster en prétextant que mon nom a été oublié sur la liste des invités!

mercredi 14 novembre 2012

B comme Beaux Gosses

La Belle et la Bête


Bulgarie. L'abréviation du pays c'est BG, ça s'annonçait donc plutôt bien. Quelle ne fut donc pas ma déception à la vue de la population masculine bulgare! Je me suis expatriée pour des motifs professionnels et non pour trouver l'amour, et heureusement, car je doute que l'homme de ma vie se trouve en Bulgarie. 

La plupart des jeunes (j'inclus aussi les trentenaires!) ont le même aspect. Au niveau du style vestimentaire: tout est à refaire. La tenue type: jeans, baskets, dans le meilleur des cas. Short ou survêtement, T-shirt publicitaire ou maillot de foot, le tout usé, délavé, sale et empestant le tabac froid, pour environ 80% des chauffeurs de taxi que j'ai pris. En ce qui concerne la coupe de cheveux: zéro pointé également. La majorité des hommes ont les cheveux très courts, même ras. Comme si une législation régissait la coiffure masculine, ils passent à la tondeuse au delà de la longueur maximale autorisée voire se font la boule à zéro. Dans cette masse de clones que rien ne distinguent d'un point de vue extérieur, quelques hors la loi se démarquent par le port d'une chemise à carreaux ou d'un costume souvent assorti d'une sacoche d'ordinateur (et d'un bulletin de salaire à quatre ou cinq chiffres!?), tandis que d'autres tentent de se construire un look punk rock, tricot de leur groupe préféré sur le dos et tatous dans le dos, les cheveux longs, gras et emmêlés qui cachent de nombreux piercings. Les cheveux qui ont échappés aux coups de ciseaux sont souvent gélifiés et les quelques centimètres de poils sont coiffés en piques ou en brosse. Je constate (après des longues heures d'observation dans les transports et les lieux publics) que la génération précédente et les anciens sont un peu plus élégants, mais ce n'est pas encore tout à fait ça. Et puis les bérets, le velours côtelé et les vieux pardessus râpés, très peu pour moi. Aucun modèle n'est à mon goût. 

Physiquement, il n'y a pas vraiment de type bulgare même si la physionomie trahie parfois des origines turques ou slaves (attention, je ne veux pas que mon discours résonne comme une classification des individus selon leur ethnie d'appartenance, à supposer qu'on en ait une, et je ne cautionne en aucun cas le fichage ethnique). Roux, blonds, bruns; aux yeux marrons, verts ou bleus; grands et minces, petits et trapus; on trouve de tout même si chez les jeunes la tendance est à l'haltérophilie et à la musculation, sports qui vous modèlent un corps de lutteur grec  mais qui vous condamnent à ne plus pouvoir baisser les bras (littéralement parlant). Quand je croise le chemin d'un Goliath dans la rue, je ne peux empêcher un sourire moqueur de s'esquisser sur mes lèvres. Quand Monsieur Muscles croise mon regard, je change néanmoins de trottoir. Je sais qu'il ne faut pas se fier aux apparences extérieures mais quand on ne parle pas la langue de l'autochtone, difficile de découvrir la beauté intérieure. De toute façon, le premier coup d'oeil ne donne pas vraiment envie d'engager la conversation à mon avis.


Ce qui m'étonne encore plus, c'est le contraste apparent entre les mecs et la gent féminine.   Les différences sautent aux yeux à tous les niveaux: soin apporté à la coiffure, au maquillage, au choix des vêtements et accessoires.  Si je consacre un article entier à ce sujet, c'est que j'ai vraiment été surprise, voire choquée et que je tiens à vous donner mon opinion sur la question. La grande majorité des femmes, toutes tranches d'âge, classes sociales et professions confondues, attachent de l'importance à leur apparence physique. Les couleurs sont coordonnées, foulard, chapeau et sac à main sont assortis à leurs habits. Similitude des coloris n'est pas synonyme d'harmonie, et les articles sont souvent jolis et à la mode quand on les envisage individuellement, mais la combinaison proposée par certaines filles bulgares ne forme pas toujours un ensemble élégant. Mais on voit tout de même très clairement qu'un effort a été fait à ce niveau là et que ce matin, Madame a passé plusieurs minutes devant son armoire à s'interroger afin de sélectionner la tenue la plus appropriée, alors que Monsieur est sorti du lit et à seulement pris la peine d'enfiler ses Air Max avant de se jeter dans la cage d'ascenseur. Les femmes portent souvent un tailleur, une robe ou une jupe avec des collants aux couleurs et motifs variés ou optent pour un pantalon noir, ce qui reste sobre. La sobriété n'est cependant pas le maître mot de toutes. Certaines font preuve d'excentricité arborant des pièces de créateurs, perchées sur des escarpins plateforme d'inspiration Lady Gaga. Je dois reconnaître que question chaussures, je suis en admiration devant les sofiotes. Quand on voit l'état des trottoirs de la capitale, marcher avec des talons sans tomber ou se fouler la cheville relève de l'exploit!

J'ai parlé du look vestimentaire de ces dames, mais ce dernier va très souvent de paire avec une coiffure soignée et des soins esthétiques réguliers. La bulgare, si je puis m'exprimer ainsi, est toujours pomponnée de la tête aux pieds, coiffée, parfumée, maquillée, épilée et manucurée (jusqu'au bout des ongles comme dirait l'autre!). Ongles limés, colorés et, au vernis vient parfois s'ajouter des décorations. J'ai moi même testé le "nail art" chez une experte et ma manucure professionnelle et fleurie ne m'a coûté que 10 leva (soit 5€). Les visages sont cependant trop maquillés selon moi: fond de teint, fard à joue et à paupières, crayon et rouge à lèvres, mascara,... certaines se collent même des faux cils pour sortir mais aussi pour aller bosser; je préfère quant à moi un maquillage léger et naturel. Les tendances coiffures, couleurs et coupes de cheveux sont assez surprenantes elles aussi. Des brushing "Dallas" ou des coupes tout droit sorties d'une série télé des années 1970 (véritables sosies de Farrah Fawcett!) côtoient des expérimentations assez douteuses selon moi: teintures capillaires allant du rouge au bleu en passant par le blond peroxydé, mèches colorées, cheveux brûlés par l'usage quotidien d'un fer à lisser, boucles de poupée aspergées de laque, ou encore cheveux crantés à la racine ou sur toute la longueur par une machine à gaufrer (les filles, vous savez celle qu'on utilisait dans les années 1990! Il parait que c'est le grand retour des zigzag, je vais ressortir les plaques du placard!). Ce billet aurait donc pu s'intituler "B comme Bimbo". Je ne dis pas que la cagole marseillaise est l'exemple à suivre car l'excès de cosmétiques vient souvent tout gâcher selon moi. Les produits de beauté sont là pour sublimer pas pour vous métamorphoser en Barbie et sont donc à consommer avec modération (en plus ils contribuent au massacre de milliers de baleines par an!).

Pour conclure cette modeste et très lacunaire étude sociologique, qui mériterait d'être développée à la lumière de plus amples recherches et analyses objectives (mais vous êtes sur mon blog personnel où je livre un avis subjectif sur le sujet), je dirais que même si les femmes bulgares sont tirées à quatre épingles, je pense avoir désormais mieux compris l'expression "élégance à la française." La France n'est pour autant pas à mes yeux la référence en matière de mode, mais ce qui est sûr c'est que la Bulgarie ne l'est pas non plus. 

B comme Bio

Passeport biologique


Nouveau pays, nouvelle langue, nouvel appart pour une nouvelle vie et de nouvelles habitudes alimentaires! 

Je décide enfin de suivre à la lettre les conseils nutritionnels de mon prof de yoga diététicien et procède à un véritable greenwashing (1) de mon quotidien. Je deviens responsable, écoresponsable. Je dors bien, je mange sain à savoir principalement végétarien, tofu et graines de lin! Muesli, pain complet, orange pressée et kiwi le matin... ainsi que quelques compléments alimentaires pour pallier mon anémie et autres carences. Cette année, les microbes de l'hiver n'auront pas ma peau! Mes anticorps sont costauds et les mettront K.O.! (Image enfantine, je vous l'accorde.)

Il est plus facile de manger des aliments variés et de qualité quand on met la main au porte-monnaie. Cette année, mon budget supermarché ayant explosé, je ne me prive plus d'acheter les produits que j'aime (le miel, une des spécialités du pays, est à petit prix) issus de l'agriculture biologique et du commerce équitable, mais aussi des fruits et légumes frais sur le marché. Lentilles vertes, lait de soja et autre tofu sont à un prix bien plus abordables qu'en France ou en Angleterre. 

Je ne veux pas tomber dans le cliché, mais la santé est synonyme de beauté. Gommage, crème hydratante et poudre minérale mais surtout une bonne nuit de sommeil, c'est ça le secret! Allié à une consommation régulière de yaourt bulgare! Même si le weekend, en voyage ou entre amis, je me laisse souvent un peu aller (Révélation: je me couche tard sans me démaquiller!) Mais je suis aussi en Bulgarie pour goûter à la gastronomie locale et aux plaisirs que la capitale a à offrir...  Et puis danser jusqu'au petit matin ça respecte le conseil "Manger bouger", non!? Pourvu qu'après coup je me rattrape avec une cure détox !

Je vous invite donc en Bulgarie pour suivre avec moi un bon et bio programme nutrition santé à moindre frais! Pour celles et ceux qui souhaitent profiter des bienfaits de la Bulgarie sans se déplacer, j'ai la solution!

On dit que le concombre est bon pour la peau. Je vous propose donc, non pas un masque facial, mais une recette de cuisine facile et légère. Ce légume a beaucoup à nous apporter: riche en eau, il est peu calorique et consommé cru il conserve ses vitamines. Je vous livre donc quelques conseils pour préparer ma nouvelle entrée préférée: le tarator (таратор), une soupe froide d'été mais que l'on peut bien entendu consommer toute l'année (surtout quand on est sujet comme moi aux rages de dents et qu'on évite de mâcher ses aliments.)


Ingrédients:

Pour quatre personnes (ou deux convives ayant un fort appétit!) il vous faut un concombre (bio), 500 grammes de yaourt bulgare (ou grec, si vous avez du mal à vous en procurer), quelques branches d'aneth, une gousse d'ail (je n'en mets pas car je n'aime pas ça), quelques cerneaux de noix, de l'eau, de l'huile, du sel et du poivre.

Préparation: 

Suivez les différentes étapes ! Veuillez excusez la qualité médiocre des photos.



Illustration: Recette illustrée du tarator
Source: Montage de photographies personnelles


Sur ce, à table et добър апетит ! (bon appétit !)


Note: (1) Le terme français choisi pour traduire ce concept est "écoblanchiment"

lundi 12 novembre 2012

B comme Bardes

"Qu'est-ce que la poésie? Une pensée dans une image.", Goethe.



L'automne est aussi la saison des poètes, celle des graines de poètes. Bien que donnant la priorité à la pratique orale, mon cours de langue ces dernières semaines a été l'occasion d'envisager l'écrit sous une forme moins traditionnelle et plus créative: celle de la poésie. J'affectionne tout particulièrement l'Art sous toutes ses formes et encourage l'utilisation de pratiques artistiques en cours de français; activités qui remportent toujours un vif succès et finissent par porter leurs fruits. Ainsi, après l'étude d'un extrait du film Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (Amélie pour les intimes) et d'un poème de Jacques Prévert ("Jacques Pervers" selon mes adolescents) visant à dégager les principales caractéristiques du genre; mes élèves, grands débutants qui n'en sont qu'à 100 heures environ d'enseignement du et en français, se sont révélés très inspirés. Je leur ai donné une consigne de travail à la maison assez floue afin de ne pas freiner leur créativité. Je leur ai donc laissé le libre choix du support et du sujet en les invitant néanmoins à réemployer les contenus (lexique et formes verbales) étudiés depuis le début de l'année, pour rédiger un poème en vers ou en prose. Plusieurs critères entreront donc en jeu dans l'évaluation de leur devoir afin de noter à la fois le fond et la forme. Mes apprenants restent néanmoins assez timides et ne souhaitent pas réciter leur texte devant une audience, même celle formée par le groupe classe (ce qui m'aurait permis d'aborder la question de la prosodie, mais tanpis) ni voir leurs travaux, au plutôt leurs oeuvres,  exposées sur les murs de la salle de classe et encore moins dans les couloirs du lycée ou sur la toile. Je me permets cependant de publier à leur insu quelques morceaux choisis anonymés mais non corrigés, ainsi qu'une photographie de quelques productions où même les fautes d'orthographe en deviennent poétiques ("le chad" pour "le chat" mais qui se lit "Tchad"):



"J'habite où on m'aime,
En Chine ou en Bohème
Je joue de la guitare,
Ils disent que je suis bizarre."


"Tous savent qui je suis,
J'ai beaucoup d'amis.
Je ne comprends pas l'amour
Mais je le cherche tous les jours."



"Grèce et Bulgarie, mes deux pays

Chaque année
Quand vient l'été,
Je vais en Grèce
Avec allégresse.

Quand vient l'automne,
C'est le temps des pommes.
Je retrouve la Bulgarie,
Ma maison chérie et tous mes amis.

J'aime faire du sport avec eux.
A l'école aussi je suis heureux.
Tous les jours j'apprends.
C'est intéressant."



"Aujourd'hui j'ai appris
Qu'il faut écrire son devoir
Pour ma professeur jolie
Quand je vais la revoir."


"Je vais dire un secret:
Je suis amoureuse.
ça a été un coup de foudre.
Comment ça? 
Je ne sais pas!"

Illustration: Exemples de productions d'apprenants
Source: Photographie personnelle



Nous avons tous ensemble préparé le terrain qui me semble fertile et qui annonce de belles saisons. Nous en sommes encore au stade de l'initiation, de la germination. Mais leur croissance va se poursuivre l'hiver durant et j'ai grand espoir qu'au printemps leurs esprits effervescents bourgeonnent et offrent une prolixe éclosion de poésie, bouquets de fleurs que j'aurais plaisir à vous offrir.

dimanche 11 novembre 2012

B comme B&B

J'irai dormir chez vous


Ceux qui me connaissent savent, pour en avoir fait les frais, que mon sport préféré est le surf de canapé ! (Couch surfing en anglais). Que ce soit pour un séjour en France ou à l'étranger, mon organisation avant le départ se limite très souvent au simple achat de billets. Pour l'hébergement, je suis très souvent invitée. Je profite d'ailleurs de cette tribune pour remercier tous mes amis, simples connaissances ou parfaits inconnus pour leur hospitalité et leur souhaite à leur tour, un bon voyage! 

Cette année, la tendance s'est inversée puisque la squatteuse est désormais squattée. Je suis passée du statut de réfugiée politique à celui de maîtresse de maison et après des années de campement improvisé je peux enfin goûter au plaisir d'accueillir des invités. Et bien que débutante dans ce rôle d'hôte, je sais recevoir ! Idéalement situé et desservi par les principales lignes de trolley et de tramway, l'hôtel Chez Brigitte vous propose de nombreux services: concierge (réception et consigne à bagages!) 24H/24, ascenseur ambiancé, salon spacieux avec canapé double convertible confortable et balcon offrant une vue imprenable sur la capitale. Salle de bain commune mais accueil personnalisé ! Pyjama, draps de lit et serviette de toilette fournis. Apéro et petit déjeuner inclus. Qu'attendez-vous pour réserver dès à présent votre séjour Sofiote !?

Illustration: Mise en garde
Source: Photographie personnelle
Ainsi, depuis mon installation à l'appart, j'ai déjà logé une dizaine de visiteurs, et certains ont déjà leurs petites habitudes chez moi vu le nombre de nuitées passées à Lagera (n'est-ce pas Ана?). Je dois bien avouer qu'il est loin d'être désagréable d'avoir quelqu'un qui vous souhaite une bonne nuit  au moment du coucher (ou plutôt du lever du jour) et vous prépare votre café noir au réveil ! Et encore moins quand on rempli votre frigo ou qu'on vous offre une bouteille de vin. Mon accueil est toujours chaleureux voire torride ! J'étais pour ma part chargée ce weekend de servir le petit déjeuner mais oubliés dans le four, mes croissants "français" ont fini carbonisés ! Dans chaque pièce il y a des messages à l'intention des "surfeurs": numéros utiles, instructions pour se déplacer, notices d'utilisations, plans de ville et recommandations d'endroits à visiter et mots de remerciement rédigés à la hâte sur un bout de papier.


Mes voisins ne sont désormais plus étonnés de tout ce va et vient sur le palier et de tout ce remue-ménage dans l'appartement. Mon concierge est bienveillant et content d'être aussi souvent sollicité pour garder les sacs à dos en lieu sûr ou remettre les clés à mes "clients". Je soupçonne même qu'il exécute la lourde tâche qui lui est confiée avec une secrète fierté. Chaque nouveau visage qui se présente pour déposer ses affaires ou récupérer mon trousseau de clefs est une occasion pour lui d'offrir son plus beau sourire et d'engager une agréable conversation, bien que limitée par son ignorance du français. Cette nouvelle responsabilité de réceptionniste lui permet de rencontrer de jeunes français et d'avoir sans doute des anecdotes à raconter lors du prochain dîner !

Pour ma part, je n'ai pour l'instant été hébergée que par une seule lectrice, mais je compte bien rendre visite aux autres lecteurs de Bulgarie dans leurs villes respectives. Pour mes collègues expatriés qui me lisent, le message est passé. Soyez préparés, je risque de débarquer très prochainement pour profiter d'un weekend touristique à moindre frais. J'achève donc ce billet en vous disant à très bientôt. Néanmoins une question subsiste: chez toi ou chez moi !?

jeudi 8 novembre 2012

B comme Baroudeur

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Namaste! Je consacre ce billet à mon ancien collègue de travail et ami parti à la découverte de l'Asie. Après avoir visité la plupart des pays d'Europe, il part une nouvelle fois, sac sur le dos et appareil photo en main, vers de nouveaux horizons mais plus à l'Est du globe cette fois-ci. Son projet initial était un tour du monde en solitaire mais finalement son budget lui permettra seulement d'arpenter le continent asiatique. Si vous aimez les récits de voyage et que vous souhaitez suivre les aventures de ce jeune français, je vous conseille la lecture de son blog mis à jour régulièrement, même au sommet d'une montagne de l'Himalaya, dans lequel il publie des billets illustrés de splendides photographies dont il a le secret ou plutôt le talent.

Bonne lecture et bon voyage!

mercredi 7 novembre 2012

B comme Barack

A tout cassé


Les Etats-Unis à l'heure du vote. Le monde entier à l'heure du doute. 
Et je me souviens. Elections présidentielles de 2008. C'était un mardi de novembre, j'étais étudiante en khâgne (ou Première supérieure, deuxième année de CPGE littéraire) et j'avais séché un cours pour attendre les résultats. Le verdict avait fini par tomber, le suspense par retomber. L'Amérique venait d'élire le premier président noir de son Histoire. J'étais émue. Encore plus lors de la cérémonie d'investiture du nouveau président (ou plutôt d'intronisation du nouveau roi du monde.) à l'écoute du serment et du discours dont je n'avais pas perdu un seul mot. J'avais encore à cette époque (car il s'agit bien d'une époque, celle de mes années prépa) de très fortes convictions; les cercles politiques empiétaient largement sur ma sphère privée. J'étais indignée, avant même que l'ouvrage best-seller ne nous invite à l'être. J'ai aujourd'hui tendance à me résigner. 

Ce qui ne m'a pas empêchée d'être préoccupée par cette élection Outre-Atlantique que j'ai suivi de très près via les médias traditionnels, radio et presse du monde francophone et anglophone, et les nouvelles formes de diffusion de l'information comme les réseaux sociaux qui relayaient les résultats des dépouillements par états à intervalles réguliers. Cette nuit de mardi à mercredi a été longue, j'ai eu du mal à trouver le sommeil et je guettais le tweet "salvateur" de l'équipe de campagne du président sortant. J'ai fini par m'endormir dans l'incertitude et l'angoisse la plus totale mais j'ai eu une bonne nouvelle à mon réveil. 

"Four more years" (Quatre ans de plus) annonçait le profil Facebook du candidat réélu. Satisfaite, je me suis empressée de partager ma joie avec les contacts que je savais comme moi intéressés voire extrêmement préoccupés par le sujet, commentant les statuts de mes amis, américains pour la plupart. Je ne savais pas si je devais me réjouir de l'issue de ce scrutin, mais en tout cas, j'étais soulagée et c'est le coeur léger que je suis partie travailler. Etant expatriée à nouveau cette année, je ne peux pas dire que je me sente désormais citoyenne du monde, car le concept reste selon moi trop abstrait, mais je doute à présent que mon appartenance politique soit toute entière constituée par la politique du gouvernement français. Je me sens intimement concernée par les dires, décisions et faits et gestes des instances européennes et internationales, qui imposent sur moi leur autorité. C'est motivée que je suis sortie affronter le froid matinal et avec le sourire que j'ai bravé mon éprouvante journée. Monsieur Obama a quant à lui des défis bien plus importants à relever qu'être habilité aux fonctions d'examinateur-correcteur du DELF, et je lui souhaite bien du courage !