lundi 19 novembre 2012

B comme Bougies


J'pète les plombs


Vous croyez aux coïncidences? Moi oui... mais ça dépend des fois. Disons qu'il est facile pour moi de prédire l'avenir après que la prophétie s'est réalisée. Je m'apprête là à vous raconter une anecdote sans grand intérêt, mais il s'avère que certaines personnes me réclament des informations détaillées. Aussi vous êtes servis et voici ci-après un texte qui foisonne de petits détails insignifiants sur mon quotidien.

Pas plus tard qu'hier dans l'après-midi, je discute de l’état général du bâtiment et plus particulièrement de celui des installations électriques avec le "porte parole" de ma proprio. Je lui confie être inquiète car en cas de coupure de courant, je suis coincée en haut de ma tour car les ascenseurs sont à alimentation électrique et la porte d'accès à la cage d'escaliers est verrouillée et je n'en ai pas la clef. Aucune issue possible donc. En cas d'urgence je suis prise au piège et il ne me reste pour seule option funeste qu'à ouvrir la fenêtre et sauter pieds et poings liés du 15ième étage, acte davantage suicidaire que salvateur qui ne sera pas sans rappeler celui de dizaines de personnes par un certain mardi matin de septembre 2001 (je me contente seulement de vous remettre cette image morbide en tête et vous épargne mon opinion controversée sur la question "9/11").

Image: "Bougeoirs miroir"
Source: Photo. perso.
Et il a suffi que nous ayons cette conversation plus tôt dans la journée, pour que ma soirée s'en trouve plongée dans l'obscurité. Blackout. Pas à cause de l'abus d'alcool vous l'aurez compris mais d'une coupure d'électricité qui a paralysé mes activités et bouleversé mes projets ("Chers élèves, je n'ai pas pu corriger vos copies, je vous les rendrai la semaine prochaine et vous prie de bien vouloir m'excuser pour ce délai"). Imaginez la scène. Je suis en train de me shampouiner le sourcil et le cuir chevelu quand l'ampoule de la salle de bain s'éteint. Situation comique des plus classiques. La pire des circonstances aurait été une coupure d'eau, mais je peux heureusement terminer ma douche dans la pénombre. Je commence d'abord par me lamenter avant de jeter un coup d'oeil au tableau électrique où tous les fusibles sont okay. Je n'arrive tout de même pas à me résoudre à l'idée d'une panne générale d'électricité ni à m'empêcher d'appuyer à plusieurs reprises sur le bouton des interrupteurs pour tester. Il faut désormais l'admettre, tout le bâtiment est dans le noir le plus total. Mais grâce aux fonctionnalités insoupçonnées d'un téléphone portable, je peux m'éclairer grâce à une DEL minuscule ("lampe torche" qu'ils disaient...) qui consomme généralement le tiers de la batterie de l'appareil en quelques minutes. Rien ne vaut donc les traditionnelles bougies et une vieille boite d'allumettes! Je suis à cet instant précis bien contente d'avoir acheté ces cierges colorés pour meubler et décorer mon foyer. Ce soir, dîner froid mais aux chandelles, lumière tamisée mais pas pour autant romantique. L'ambiance est plutôt celle d'un film d'horreur avec pour fond sonore, non pas de suaves accords s'échappant d'un piano à queue, mais les aboiements inquiets et quelque peu terrifiants de bêtes à quatre pattes affolées (qui se transforment en loup-garou les soirs de court-circuit n'ayant pour seul luminaire que la lune?) et les hurlements des alarmes de voitures qui se sont toutes déclenchées simultanément. L'ambiance est électrique... ou pas justement, dans le cas présent. Excusez mon humour noir (haha), j'ai pété un câble (hahaha) ou plutôt, je n'ai jamais eu la lumière à tous les étages (hahahaha).

Puis très rapidement, je suis en proie à l'ennui. Que faire au XXIème siècle sans lumière, et pire que tout, sans connexion internet!? J'ouvre timidement le recueil de Théophile Gautier offert par mon attaché, mais abandonne ma lecture une dizaine de minutes plus tard et prends la très sage décision d'aller me coucher. Je souffle mes bougies pour écarter tout risque d'incendie, car rappelez-vous il m'est impossible d'évacuer les lieux, mais comme une idiote je laisse les interrupteurs en position "on". Si bien que quand l'électricité revient enfin, le lustre de ma chambre, ma lampe de bureau et deux autres plafonniers se rallument. La forte et soudaine luminosité à presque 2h du mat' interrompt mon profond sommeil et me réveille en sursaut. S'en suit un vacarme. J'entends les ascenseurs redémarrer, les lampadaires s'allumer (phénomène paranormal? Non, il y a bien des réverbères le long de la voirie en Bulgarie, même si l'éclairage public reste largement insuffisant), les chiens hurler et les alarmes aboyer à nouveau dans la nuit jusque là condamnée à un repos forcé. La panne ne concernait que le quartier car depuis mon balcon poste d'observation je contemplais Sofia la belle dans sa robe de soirée pailletée et je voyais bien qu'elle ne dormait pas sur ses deux oreilles mais qu'au contraire sa chevelure scintillante s'étalait sur l'oreiller et qu'elle brillait de mille feux pour ses amoureux. (Parenthèse: depuis que je travaille au Lycée Lamartine, il semblerait que j'aie comme été touchée par l'esprit du poète! Mais ceci est mon blog, mon univers, et libre à moi de partager avec vous quelques morceaux choisis de ma modeste anthologie de poésie). 

Mais cet épisode m'aura surtout tirée des bras de Morphée et je commence ma semaine fatiguée, irritée, du mauvais pied ou de mauvais poil, comme vous voudrez. A cela viennent s'ajouter les actualités qui illustrent bien combien l'obscurantisme règne sur la France aussi. Si je me suis couchée tôt dans le noir, c'est aussi tôt et dans l'obscurité, avec des idées noires, que je me suis réveillée car le soleil comme chaque matin n'est pas encore levé. Et quand je fini le boulot, il est déjà, ou encore, ensommeillé. Alors dans tous les cas une bougie parfumée est utile pour vous remonter le moral et pas seulement pour éviter d'utiliser le détecteur de coin de meuble intégré qu'est notre petit orteil! Il ne me reste plus qu'à faire du porte à porte et à balbutier mon meilleur bulgare en quête d'une clé à emprunter au voisinage pour la faire copier, afin que je puisse si besoin est, emprunter les escaliers.

Pour terminer, je lance un appel à ma jeune et jolie collègue bulgare: si tu ne sais pas quoi faire de tes lampes chinoises, sache que j'ai une idée lumineuse! Elles ont leur place toute trouvée chez moi. Elles siéront à merveille à mon intérieur et y apporteront une touche à la fois de lumière et d'exotisme. De plus, comme tous lampions de papier qui se respectent, ils pourraient s'enflammer, je n'aurais rien à craindre car  je pourrais m'échapper saine et sauve en dévalant les marches!

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