jeudi 15 novembre 2012

B comme Bacchanales

Le Beaujolais nouveau est arrivé !


Qui ne tente rien, ne boit rien! Qui dit goulot, dit culot! Bref, j'arrête les blagues de comptoir. Je n'ai pas eu peur de passer pour une ivrogne et j'ai envoyé un message à l'attaché de coopération dont voici un extrait ci-après:

"Le Beaujolais est loin d'être mon vin préféré, mais vous n'êtes pas sans savoir qu'aujourd'hui marque le lancement du Beaujolais nouveau dans le monde entier. Aussi je me demandais si vous saviez si quelques réjouissances étaient organisées à Sofia, à l'Ambassade, les locaux de l'Institut Français,... J'adore participer à ce genre de célébration qui sont pour moi une belle occasion de se retrouver entre français expatriés. Si vous avez eu vent d'une quelconque manifestation se déroulant dans la capitale et à laquelle je pourrais être conviée, merci de m'en tenir informée.

Bonne fin de journée et au plaisir de vous retrouver prochainement, autour d'un verre de vin, ou lors de prochaines festivités."

J'ai donc dans ce mail subtilement mais clairement exprimé mon souhait de boire ou plutôt de cuver entre compatriotes français; mais ma requête n'a pas été satisfaite. On m'a seulement répondu que je devrais me contenter d'un verre au bistrot du coin; très certainement un verre de vrai-faux Beaujolais commercialisé ici sous le doux nom de Bouquet Nouveau. 

La Bulgarie reste néanmoins un pays de tradition viticole. J'ai déjà goûté quelques bonnes bouteilles (mais aussi de moins bonnes) de cépages "autochtones" comme le Pamid ou le Mavrud. On peut aussi facilement se procurer des cépages français produit par des vignobles locaux. Je garde les étiquettes précieusement et ma carte "oenologie" s'agrandit peu à peu. 


Illustration: Carte de zones viticoles bulgares
Source: site winealley.com


Cette soirée inaugurale aurait été une opportunité inédite "d'infiltrer le milieu". Je me voyais déjà en robe de gala,  une robe "de taffetas flambé'',  piétinant un tapis rouge de mes escarpins achetés pour l'occasion. Suivant les conseils de l'incertaine et novice Bridget Jones, j'afficherai un beau sourire et m'avancerais d'un pas assuré parmi les habitués de ce genre de réceptions. Je me verrais offrir coupes de champagne et autres rochers sur un plateau d'argent ou doré (vous savez, comme dans la publicité). Je m'imaginais également qu'à mon arrivée, en taxi, un garçon (un servant? un valet?) déguisé en petit Spirou se tiendrait près de la porte et me débarrasserait poliment de mon manteau puis m'indiquerait la direction à suivre (comme si le tapis rouge ne suffisait pas à lui seul à montrer le chemin de la fête). A mon entrée dans la salle de bal, tous les regards se seraient tournés vers moi, un peu comme la cour dévisage la jeune Mademoiselle de Chartres à son arrivée aux fiançailles de Claude de France dans le roman de Madame de Lafayette. Je ferais ce soir là mon entrée dans la plus haute sphère du Ministère, adressant mes sourires à Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur de France et à d'autres diplomates. Parmi les convives, il y aurait un agent secret, son nom serait Jean, Jean Bon. Et malgré son sourire charmeur et son humour irrésistible, je resterais de marbre; tout comme la rampe d'escaliers... 

Bref, je peux continuer à rêver d'ici la prochaine soirée à laquelle j'espère être invitée. Quand j'ai décroché ce stage proposé par le Ministère des Affaires étrangères et qu'on m'a confirmé mon inscription auprès du consulat sur le registre des français établis à l'étranger, je me disais "à moi les opéras, les vernissages, à moi le champagne et les chocolats, à moi les amuse-bouches et autres canapés!" J'ose encore espérer que j'aurais prochainement l'occasion d'y goûter. Sinon, j'envisage bel et bien de m'y incruster en prétextant que mon nom a été oublié sur la liste des invités!

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