mardi 20 novembre 2012

B comme Bis repetita

Répétition générale


Pour une fois que ma jeune&jolie collègue et moi trouvons le temps de sortir, il faut que le spectacle soit annulé!

La prof de musique nous a mis de côté une invitation pour deux personnes et toute la semaine nous ne faisions qu'en parler et étions excitées à l'idée de cette soirée en amoureuses... et en Bulgare, qui m'aurait permis de me divertir voire de me cultiver, de passer du temps avec mon amie et d'améliorer mon apprentissage du "boelgarski". 

Comme deux amants ou deux jeunes adolescentes condamnées au secret, on se donne rendez-vous devant l'université, car je dois avouer que je ne connais pas encore tous les théâtres de la ville et que j'ai peur de me paumer, éventualité qui risquerait de nous retarder. Je décide d'y aller en trolley mais ce dernier est bondé, prend une nouvelle fournée de passagers à chaque arrêt et met une éternité à relier le point A et le point B. Je pense à mon cavalier qui n'a d'autre choix que de m'attendre dans le froid puisque sans elle je ne sais où aller. Je finis par arriver, avec près d'une demi-heure de retard, mon amie n'a pas le temps de me réceptionner qu'il nous faut déjà marcher (et fumer, en ce qui concerne mademoiselle) et traverser un parc mal éclairé. Sur le parvis sont rassemblés la moitié des élèves et enseignants de notre lycée, pomponnés, coiffés, dans leur plus beaux habits. Une fois notre billet récupéré, on se dirige vers la rangée et les sièges attribués, situés malgré nous à côté de nos ados préférés qui ne peuvent s'empêcher de se retourner et jaser. Je constate et souligne l'ancienneté et la vétusté de la salle. On me répond que c'est "typique soviétique". Lever de rideau et les jeunes artistes font leur entrée.

Saute! annonçait le titre de la pièce imprimé sur le ticket. Ça n'a pas manqué. Une horde d'adolescents rebelles, survêt' coloré, baskets aux pieds et casquette vissée sur la tête débarquent sur la scène, se jetant des fenêtres du décor projeté sur une structure représentant un immeuble. Ils déboulent et débitent un rap, fait de syllabes hachées et de souffle coupé. Le texte m'est totalement étranger mais n'a pas l'air si mauvais. La performance est de qualité mais se trouve soudainement interrompue par une panne d'électricité. L'audience était déjà plongée dans le noir, mais c'est au tour des projecteurs et des micros de se couper sans crier gare. Les jeunes acteurs n'en sont pas tout de suite dérangés puisqu'ils continuent à jouer et montrent ainsi à tout le monde qu'ils sont parfaitement capable d'improviser. L'un d'eux continue même à graffer, quoi qu'il arrive le show doit continuer. Les répliques s'en trouvent même modifiées afin d'intégrer cette soudaine obscurité. Mais la bombe de peinture est vite vidée, les comédiens à court d'idées. La lumière ne revient pas et les spectateurs n'en reviennent pas. 




Illustrations: La lumière, clou du spectacle
Sources: Photographies personnelles
Saute! Et ce sont les plombs qui ont sauté! Le directeur finit par venir nous annoncer qu'il s'agit d'une panne ciblée à durée indéterminée. Le bâtiment ne disposant pas d'une alimentation de secours, il préfère prendre la décision d'annuler ou plutôt de reporter la représentation. Le public est sommé de quitter les lieux sans paniquer, à la lumière des téléphones portables exceptionnellement allumés pour éclairer les marches d'escaliers. En nous entendant parler français, certains spectateurs sont honteux qu'une expatriée assiste à un tel spectacle... ou plutôt qu'elle ne puisse justement pas y assister!

J'ai une pensée pour les comédiens qui étaient prêts, en costumes et maquillés; qui attendaient ce moment depuis longtemps. La courte représentation qui a été donnée tient désormais lieu de Générale, c'était une opportunité supplémentaire de répéter. Ce n'est que partie remise, mais hélas j'ai bien peur comme beaucoup d'autres spectateurs, de ne pas trouver de nouvelle date dans mon calendrier pour ce spectacle déplacé.

Notre soirée n'est pas pour autant achevée, on décide d'aller boire une bière et profitons du moment pour parler d'éventuelles études ou stage à l'étranger... dans un pays où on peut se fier aux installations électriques?

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