lundi 15 octobre 2012

B comme Billa karta

C'est une française qui fait non, non, non, non, non, non.



"-Билла карта ?" me demande la caissière machinalement sur un ton monocorde. Et machinalement je remue la tête pour répondre "non" mais mon interlocutrice interprète ce geste comme un "oui" et devant mon refus d’obtempérer en lui  présentant la carte de fidélité du supermarché, elle réitère sa question. Car en effet, en Bulgarie comme dans d'autres pays, la signification de ces mouvements de tête est inversée. Il faut hocher la tête de haut en bas pour nier, et l'incliner légèrement de gauche à droite pour acquiescer. Ce problème de communication réside tout entier dans le fait que je n'ai pas encore acquis ces automatismes. Quand je me suis préparée à l'éventuelle question qu'on pourrait me poser, j'essaie d'y répondre seulement par "да" ou "не" en essayant tant bien que mal de n'y associer autant geste. Mais j'ai beau être concentrée, mes hochements de tête restent souvent incontrôlables car il s'agit là d'un réflexe, d'une réaction involontaire, indépendante de ma volonté et purement motrice que même une rééducation intensive ne saurait dompter. L'affirmation ou le refus sont étroitement liés dans mon cerveau à un mouvement musculaire particulier que j'ai peur de jamais pouvoir corriger. La solution toute trouvée dans le cas du supermarché serait donc de posséder cette fameuse Billa Card et de la tendre sans dire mot. En rédigeant ces lignes j'ai pensé au personnage d'Enid Blyton. Je n'ai pas encore eu l'occasion de voir de dessin animé à la télé mais je me plais à imaginer qu'ici, le célèbre petit patin chauffeur de taxi s'appelle "Néné"; ou "Dada" et qu'il agite la tête dans l'autre sens !

Ce problème de sémiologie mis à part, j'arrive à me faire comprendre dans la plupart des situations de communication et je suis capable de prendre part à des conversations malgré mon lexique encore très limité (à la relecture, cette dernière phrase sonne comme un descripteur de mon niveau A.1.1 en bulgare langue étrangère!).

Pour finir, un mot sur ce supermarché situé à 10 minutes de chez moi. On y trouve de tout (même des cigarettes en vente à la caisse) et il y a un rayon traiteur donc à moi les plats à emporter et les plateaux télé ! A la différence des supermarchés français ou anglais (ceux que j'avais l'habitude de fréquenter), on ne met pas de panier à disposition du client, il faut donc systématiquement emprunter un chariot à l'aide d'une pièce de 50 stotinki. Comme que je n'avais pas cette somme sur moi lors de ma dernière "excursion commissions", j'ai donc essayé d'insérer un jeton de Monoprix dans la fente, sans succès. A défaut de caddie, j'ai traversé le magasin les bras encombrés d'une pile à l'équilibre incertain, arpentant chaque rayon et ajoutant un article, le coinçant sous le coude ou le calant sous le menton . Arrivée à la caisse, il m'a fallu acheter des sacs réutilisables car le magasin ne donne plus de sacs plastiques et je trouve que c'est une bonne chose pour limiter la pollution. Je contribue moi aussi à la protection de l'environnement en allant faire mes courses à pieds et en transportant mes paquets à la force de mes petits poignets musclés. Me voyant arriver chargée comme un mulet, le concierge m'a donné un coup de main. Mais la prochaine fois je serai au top: en possession de 0.50 lv, d'un sac cabas et détentrice d'une Billa karta ! 

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup le ton de l'article et la petite anecdote qui te permet de parler de faits plus généraux.

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