lundi 10 décembre 2012

B comme Bonheur

Aux p'tits bonheurs la chance


C'est un poète des temps modernes, un rappeur. Comme je l'expliquais à mes élèves il y a quelques heures, tout texte peut être poétique si on y met du coeur, qu'il soit déclamé ou tapé sur le clavier d'un ordinateur; avec la poésie on met en mots ses doutes, sa peur; on rend hommage à la vie qui nous fait une fleur.

Ce lundi matin, comme d'habitude, je me lève de bonne heure. La veille, je me suis couchée à pas d'heure et j'aurais bien dormi encore quelques heures. Je me suis assoupie sur mon travail comme en témoigne l'écran de veille de mon ordinateur. Mais mon alarme me signale que c'est déjà l'heure; des couvertures il me faut quitter la douceur et la chaleur, alors pour limiter le choc thermique j'allume le radiateur. J'avale à contre coeur deux tartines de beurre trempées dans une tasse de café d'équateur et prend un bain de vapeur. Le miroir de la salle de bain n'est pas très flatteur, une touche de correcteur et un trait d'eye liner trompeurs puis je pars à l'école en traînant ma lourde sacoche d'ordinateur. Je traîne depuis une heure, je suis déjà en retard j'en ai bien peur, mais j'ai du mal à passer la vitesse supérieure.

Ma chanson préférée des Kinks comme musique d'ascenseur, les accords sont entraînants et ma voix couvre celle du chanteur. Des bruits et secousses de la cabine je n'ai désormais plus peur ni de la force de la pesanteur. Je salue le veilleur et enfile mes gants avant d'affronter le monde extérieur. Un vent de fraîcheur saisissant qui donne des couleurs, une poudreuse qui sublime tout, qui recouvre la noirceur; tout est propre et éclatant de blancheur. L'air rêveur, j'avance dans la neige avec lenteur de peur de glisser et de finir sur le postérieur. 

Un élève prend toujours le trolley bus à la même heure, je parviens à échanger quelques mots avec lui, pour une fois qu'il est d'humeur. Dans les couloirs du lycée c'est la cohue, les enfants courent et avec eux la rumeur; on est à peine lundi et c'est déjà l'horreur. J'opte aujourd'hui pour des activités de noël histoire que mon cours et la météo ait la même saveur; après une comparaison de nos coutumes et de nos moeurs, on finit par chanter tous en choeur. On chante encore et encore, faux mais ça vient du coeur. Le chant est fédérateur et ça leur apprend une certaine rigueur. Y'a bien sûr quelques râleurs mais tout ça nous a tout de même mis de bonne humeur. A la question "Que voulez-vous pour Noël?", une élève répond "du bonheur". Pas d'objets de valeur mais de l'amour, de la chance et autres valeurs. Sa réponse déclenche sur les visages de ses camarades un sourire illuminateur. Pause café, un cappuccino caramel et quelques mots échangés entre professeurs, entre une mère et une soeur. L'une se fait du mauvais sang, l'autre à mal au coeur. 

Puis je file à la poste régler une facture et par la même j'évite que les choses ne prennent de l'ampleur. J'en profite pour acheter des cartes de voeux de dernière heure qu'il me faut vite rédiger et expédier connaissant la poste et sa lenteur. La guichetière est joviale, elle qui m'a habitué au silence et à la froideur. Je fais un saut dans le bureau de l'attaché de Monsieur l'Ambassadeur qui m'expose les détails d'un nouveau projet et me donne les coordonnées d'un nouveau collaborateur. Je réponds au message de mon nouvel ami prédicateur et lui donne un rendez-vous pour tout à l'heure dans un café que j'ai l'habitude de fréquenter sans savoir si l'endroit se trouve ou non dans son secteur.

De retour chez moi, j'ouvre la boite aux lettres où m'attend une surprise du facteur; un courrier qui vient de loin, qui vient du coeur; une coupure de presse, quelques mots rédigés à la hâte au dos d'une superbe carte et qui pour moi ont beaucoup de valeur. Dans le pli, un livre pour enfants, car pour apprendre le néerlandais rien ne vaut l'oeuvre d'un conteur. Que du bonheur ! En guise de déjeuner, des pâtes au beurre et du yaourt qui a passé la nuit en dehors du réfrigérateur. Je m'en délecte quand même, n'en déplaise à Pasteur. Mon ventre est plein, mes placards vides; j'irai faire les courses tout à l'heure. 

Pour l'heure j'ai les yeux rivés sur l'écran de mon ordinateur. Déjà dix heures que je suis debout et d'excellente humeur. Je raconte ces petits bonheurs à d'improbables lecteurs,    j'ose l'espérer à d'autres blogueurs mais il ne sera sans doute lu que par ma soeur. Les éventuels visiteurs trouveront certainement mon texte inintéressant et lui préféreront d'autres auteurs. 

Je dois me préparer, davantage psychologiquement que physiquement, à cette entrevue avec le prêcheur. Je dois pas me laisser troubler par son sourire ravageur, je dois défendre mes opinions avec ferveur. Je me laisserai avoir ni par ses propos enjôleurs ni par son regard charmeur. De sa compagnie il me fait l'honneur pour seulement quelques heures. J'ai pas peur de ce baratineur mais si je suis pas rentrée tout à l'heure, prévenez l'inspecteur afin qu'il se lance sur la piste de ce dangereux kidnappeur !

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